La louange à l’église : mon avis sur les modes actuelles qui dérangent

Je vais dans une église évangélique baptiste plutôt traditionnelle et figure-toi que je suis engagée dans la musique/louange depuis une quinzaine d’années (je ne saurais pas dire l’année exacte). Bref, j’ai passé la moitié de ma vie à servir mon église en tant que pianiste, chanteuse et/ou « conductrice » de louange. C’est passionnant ! Mais pas toujours aussi évident que cela en a l’air.

Au niveau de la première partie du culte, le temps de louange, il y a un vocabulaire et une façon de faire un peu à l’américaine qui peut dérouter certains. J’ai lu et entendu beaucoup de choses ces derniers temps donc je voudrais y apporter ma réponse.

Photo : MG

1) Entrer dans la louange

Comment ça « entrer dans la louange » ? Qu’est-ce que cette bizarrerie ? Rassure-toi, cela ne veut pas dire qu’ on n’était pas déjà dans un état d’esprit de louange et d’adoration de Dieu avant de prendre place dans la salle de culte – cela doit rester un état d’esprit et un mode de vie au quotidien. Cela ne veut pas dire non plus qu’on sortira de la louange à la sortie du culte : on peut louer autant qu’on respire !

Ce que veut dire pour moi « entrer dans la louange », en d’autres termes :

  • Penser à ce que l’on chante
  • Chante / prier sincèrement, de tout son cœur
  • Faire abstraction de tout le reste pour se concentrer sur notre moment avec et pour Dieu

Il est vrai que c’est très subjectif. De nombreuses conditions, liées à l’environnement et aux goûts personnels, vont nous aider à entrer dans la louange, ou au contraire nous en empêcher. Il est même possible qu’à un moment du culte, quelqu’un y entre enfin, pendant qu’un autre en sorte car il trouve le temps musical trop long !

On ne pourra jamais satisfaire tout le monde, et ce n’est pas notre but. On s’épuiserait et on n’y arriverait pas !

En revanche, j’aimerais te parler des responsabilités qui sont engagées :

  • L’équipe qui est de service (musiciens, sonorisateurs, projectionnistes, etc.) a pour responsabilité de conduire l’assemblée dans la louange, c’est à dire vers Dieu. Nous ne proposons pas un concert, nous ne faisons pas les choses pour notre propre gloire, nous devons faciliter l’accès des gens à Dieu de manière aussi fluide que possible (et là, toutes les subjectivités entrent en jeu). Tous les choix doivent être fait pour répondre à cette mission. Le rôle de l’équipe c’est aussi de louer… tout simplement ! Rien de tel pour être conduit dans la louange que de suivre l’exemple de ceux qui, sur la scène, sont en train de louer Dieu.
  • L’assemblée a pour responsabilité d’entrer dans la louange. Ce n’est donc pas la seule responsabilité de l’équipe de service, c’est aussi celle de chacun ! Si quelque chose me perturbe dans la musique, le son, les paroles ou que sais-je, il reste de ma responsabilité de m’approcher de Dieu, de me mettre en condition et de me concentrer sur ce que je veux offrir à Dieu. Si je n’aime pas le chant : je peux quand même le chanter et adresser cette prière à Dieu. Si la musique est trop forte, si le chant a été pris trop vite ou trop lent à mon goût : que cela ne m’empêche pas d’entrer dans un cœur à cœur avec Dieu. C’est le plus important. C’est ça, ma responsabilité.

Finalement nous avons un objectif commun ! C’est tous ensemble que nous offrons notre louange à Dieu lors des cultes du dimanche matin, et à d’autres occasions.

Essayons peut-être de n’avoir pas trop d’attentes d’une part et d’autre ? J’entends des personnes de l’assemblée regretter certaines choses, faire des remarques plus ou moins constructives (mais toujours subjectives)… J’entends aussi les conducteurs/leaders louange regretter que l’assemblée ne participe pas avec autant de ferveur que souhaité (peu de personnes sourient, frappent des mains, etc.). Oublions cela et concentrons-nous sur le seul objectif du moment : louer Dieu.

Le temps de louange sera un succès si la sincérité de tous est au rendez-vous. Même si la musique a été un peu incertaine, s’il y a eu des erreurs dans les paroles, si le conducteur a fait un monologue interminable… On ne juge pas tous ces aspects techniques. Quand tu sors du culte, il faut juste te demander si tu as eu un temps de qualité avec Dieu.

2) Les répétitions ou redondances

C’est un peu la mode des chants de louange de ces dernières années : moins de paroles, mais répétées en boucle.

J’ai lu ou entendu des critiques à ce sujet, de type « franchement, à quoi ça sert de répéter ? ».

Mon humble avis :

  • On recherche une expérience de connexion avec Dieu. Dans une église charismatique où le refrain était répété plusieurs fois, je me suis surprise à ne chanter les paroles avec conviction qu’au bout de la 4ème fois ! C’est là que j’ai compris l’intérêt de la chose. Les répétitions sont aussi un moment de liberté où si l’on a besoin de « sortir du chant » pour prier autre chose, on a le temps de le faire.
  • Si on parle strictement de musique, quand on est musicien on aime profiter du chant et réaliser une chanson aboutie. C’est habituel dans n’importe quelle titre musical (louange ou pas) de reprendre le refrain à la fin : c’est souvent le plus entraînant, ce qu’on aime le plus chanter, ce qu’on connaît le mieux. L’objectif étant d’offrir notre louange à Dieu, cela peut aussi passer par l’expression de notre créativité musicale, de notre excellence (faire un vrai chant de 3/5 minutes avec des arrangements travaillés), etc.
  • Je trouve qu’il faudrait respecter les auteurs-compositeurs qui réfléchissent à la profondeur (simplicité des paroles ne veut pas dire qu’il n’y a pas de profondeur), à la poésie de leurs textes, qui font sans doute en sorte que la mélodie rentre facilement dans la tête, et quand ça rentre dans la tête, ça nous accompagne au quotidien ! Donc ne pas critiquer trop facilement les chants répétitifs de « pauvres ».
  • Le fait de répéter a aussi une visée pédagogique. Pour croire et s’imprégner d’une vérité, cela peut aider de la dire et redire, de la proclamer à voix haute.
  • Le retour de la subjectivitéééé : dans mon église, on n’est pas du tout du genre à reprendre les chants plusieurs fois, et certains trouvent quand même qu’il y a trop de répétitions. 😮 Donc à partir quand est-ce une répétition ? Si on fait le refrain 2x ? Parfois, c’est tout simplement écrit comme ça (respect des compositeurs, tu te souviens 🙂 ). Si on rechante le chant 2x ? Si c’est un chant court, c’est l’occasion de faire progresser la musique, de donner de l’intensité, de prendre le TEMPS de peser nos mots.

L’apôtre Paul disait « il ne m’en coûte rien de me répéter ! ». Je crois que ça ne devrait pas nous coûter de dire et redire une louange en l’honneur de Dieu… sauf si on n’est pas vraiment entrés dans la louange… Alors retour au point 1 !

3) Le manque de diversité dans les paroles

Les chants de louange traitent souvent du même sujet : la louange à Dieu. Mais ce n’est pas le but ? Il faudrait aussi de la confession, des plaintes, toutes sortes de thématiques liées à l’expression de la foi. Il y a en a quand même quelques uns, de ces chants…

J’ai découvert un site en anglais qui analyse si les chants sont « bibliques » : https://www.thebereantest.com/. Très intéressant !

Petite parenthèse : un jour, je n’ai pas trouvé de chant illustrant le verset Matthieu 6.34 alors je l’ai composé. C’est devenu un chant très apprécié dans mon église. 🙂

Il faut certainement continuer à composer des chants sur tous les sujets qui permettront aux chrétiens d’exprimer leur louange à Dieu. Je pense que tous les chants ne se prêtent pas forcément au temps de louange du culte, mais restent appropriés pour la louange personnelle. Ne l’oublions pas : il n’y a pas qu’à l’église qu’on doit chanter à Dieu.

Chaque jour je te bénirai, et je célébrerai ton nom pour toujours et à perpétuité. L’Eternel est grand et digne de recevoir toute louange, sa grandeur est insondable. Que chaque génération célèbre tes œuvres et proclame ton extraordinaire façon d’agir ! Je dirai la splendeur glorieuse de ta majesté, je chanterai tes merveilles.

Que ma bouche dise la louange de l’Eternel et que toute créature bénisse son saint nom, pour toujours et à perpétuité !

Psaume 145-2-4, 21
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2 commentaires

  1. Merci Marie-Eve d’avoir posé une réflexion sur ce vaste sujet.

    Subjectivité, écris-tu… Avec raison ! Sans le dire vraiment, tu établis très bien la différence entre la subjectivité et l’individualisme. Que j’aime ou n’aime pas un chant est une question, que je le trouve répétitif ou simplet est une question, que même je le trouve questionnable quant au contenu est une question. Mais la plupart du temps, rien de vraiment rédhibitoire ne m’interdirait de le chanter. Alors si je ne le chante pas, c’est sans doute que l’importance de la louange communautaire ne m’est pas suffisamment apparue. Or la louange communautaire, le fait d’être au milieu des autres à louer Dieu avec eux, a une véritable fonction dans la foi chrétienne. En fait, il faut apprendre l’importance de chanter avec les autres ce qu’on ne chanterait pas forcément si on était seul (c’est mon cas).

    Peut-être pourrait-on aussi parler de « culture ». Comme en cuisine, chacun a la sienne et ne veut souvent pas en changer. Mais si mon voisin mange épicé et moi pas, il ne va pas mettre du piment dans mon assiette. Alors que pour la musique, on est obligé de partager ! On ne va pas venir chacun avec ses écouteurs et sa musique ! Or il est dans la nature de l’Eglise de connaître de la diversité (enfin j’espère). Il faut dans cette diversité trouver un modus vivendi, un socle commun, une culture communautaire, qui sera nécessairement évolutif d’ailleurs, au fil des arrivées, des générations. Pour cette culture communautaire, les personnes chargées de la louange ont un rôle fondamental.

    Alors bon courage et beaucoup d’une joie toute subjective à des gens comme toi, qui s’engagent au service de la communauté. Vous faites un travail formidable et très utile dans l’Eglise.

    Jean-Marc

    J’aime

    • Merci pour cet apport, Jean-Marc !
      La réflexion sur la louange communautaire mérite d’être approfondie, en effet.
      Et ton exemple sur la cuisine épicée est très parlant !
      Merci pour tes encouragements. 🙂

      J’aime

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